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Pierre Sabre 1922 - 1945 Traiter les données

Né(e) 19.3.1922 à Bayonne
Décédé(e) 22.4.1945 à Gusen

Biographie

Célibataire et encore étudiant, Pierre Sabre était domicilié pendant la guerre chez ses parents à Bayonne (Basses-Pyrénées), au 57 rue d’Espagne. Requis pour le service du travail obligatoire, il décide de ne pas se soumettre à cette obligation et, à la fin du mois d’août 1943, il prend contact avec un résistant de la région qui lui indique de prendre le train jusqu’à Puyoo où il est pris en charge par d’autres résistants qui le dirigent sur un campement à Bedous. Il rejoint ensuite le maquis sur les hauteurs d’Arthez d’Asson, puis celui de Saint-Justin dans les Landes avant, sur sa demande, d’entrer comme stagiaire à l’école régionale des cadres du maquis créé par le service Périclès. Pierre Sabre, qui devint « Basque » pour ses camarades, arriva alors à la maison forestière du Lampy, situé sur le territoire de la commune de Dourgne (Tarn), aux bords du Lac Lampy, entre Revel (Haute-Garonne) et Arfous (Tarn), pour suivre une session de 21 jours sous les ordres du lieutenant Robert Coulon (alias Verneuil) et du sous-lieutenant Jacques Lambert (dit Joyeuse). Outre Pierre Jouanaud, présent en qualité d’intendant et d’agent de liaison, onze élèves se trouvaient alors à l’école.

Le 18ème jour de la session, le 15 février 1944, vers 9 heures du matin, les Allemands encerclèrent le chalet, où, contrairement à l’accoutumée, tous étaient présents. Venu prévenir les chefs qui se trouvaient à l’étage alors que les Allemands jetaient les premières grenades dans l’escalier, Pierre Sabre fut ensuite contraint de se rendre avec ses camarades, dont l’un fut mortellement blessé. Ils furent emmenés à la prison Saint-Michel de Toulouse, puis au Frontstammlager 122 de Compiègne Royallieu où Pierre Sabre reçut le numéro 28323.

Le 22 mars 1944, il est déporté avec ses huit camarades arrêtés avec lui au Lampy au sein du premier convoi massif pour l’Autriche de l’année 1944 qui emporte avec lui plus de 1.200 hommes. Après trois jours dans les wagons à bestiaux, Pierre Sabre descend du train en gare de Mauthausen et parcourt à pied les quelques kilomètres pour arriver au camp où il reçoit le matricule 60599. Pierre Capdepuy et Robert Coulon –  chef instructeur de l’école des cadres du maquis – les rejoignent le 1er avril, après avoir quitté la France le 13 mars et avoir transité par le camp de Sarrebruck Neue Bremm en raison de leur statut de « Nacht-und-Nebel » et de détenus de Schutzhaft 3. Après une période de quarantaine, Pierre Sabre part pour Gusen le 28 avril 1944 au sein d’un groupe de 300 détenus destinés à travailler à la production d’armes dans le cadre du projet Esche II (Frêne 2). Dans ce camp, où l’avait accompagné son camarade du Lampy Émile Corboli, il travailla comme dessinateur technique (Tech. Zeichner), profession qui avait été enregistrée à son arrivée au camp. Le 24 octobre, il changea de poste et fut affecté comme travailleur spécialisé (Facharbeiter) à la fabrication de pièces de pistolets et de carabines dissimulée sous le nom de code Georgenmühle (moulin de Georges) pour le compte de la firme Steyr-Daimler-Puch AG.

Le 22 avril 1945, il est victime, comme Pierre Capdepuy, de la sélection opérée au Block 24 de Gusen sur laquelle sur laquelle Lisberg donne des explications en 1965 :

« Pour faire place aux nouveaux détenus qui allaient arriver, il fallait débarrasser le camp du ‘boulet’ des détenus invalides devenus inaptes au travail. C’est pourquoi […] Seidler donna l’ordre […], probablement en accord avec […] Ziereis, de rassembler dans le Block 24 tous les détenus du camp inaptes au travail. Les invalides furent donc transférés du Block 24 au Block 31 […] qui avait été aménagé en salle de gazage de fortune. » Pierre Sabre est l’un des 659 hommes gazés ce jour-là au Block 31 par Rudolf Fiegl, selon le chiffre donné par Pierre Serge Choumoff et Stéphanie Vitry.

Cinq des huit camarades arrêtés avec Pierre Sabre – Émile Corboli, Pierre Jouanaud, Lucien Guédon, Robert Coulon et Pierre Tabellion –  rentreront en France en 1945. Jacques Lambert et Denis Loubradou sont décédés au Block 31 de Gusen les 18 novembre 1944 et 2 avril 1945. René Grosjean, que les Allemands ne connaîtront jamais que sous sa fausse identité de René Richard, est mort au Sanitätslager de Mauthausen le 15 mars 1945 alors que Pierre Cournut est décédé au camp central après la libération.

Pierre Sabre a obtenu la mention « Mort pour la France » et le titre de déporté résistant le 5 octobre 1953.

Adeline Lee

Sources :

SHD, dossier MED 21 P 534832, MA 16/2, 26/14, 12/4, 26 P 1132 registre original du camp de Mauthausen, Häftling-Personal-Karte ; Archives privées Pierre Serge Choumoff, copie de l’Operationsbuch Gusen, carton 8 ZL : IV 419 AR 3424/65, Bd I et II.

Bibliographie :

Vitry Stéphanie, Les morts de Gusen, camp de concentration autrichien (à partir du dépouillement d’un registre de morts, avril 1943 – mai 1945), mémoire de maîtrise sous la direction d’Antoine Prost et de Claire Andrieu, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, CRHMSS, 1995, 148 p.

Sitographie : http://lesamitiesdelaresistance.fr/lien22/p36a42%20Francis%20Cordet.pdf

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