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Jean-Louis Lion 1921 - 1945 Traiter les données

Né(e) 16.5.1921 à Decazeville
Décédé(e) 16.5.1945 à Mauthausen

Biographie

Antonin Lion, que tous appellent Henri, et son frère, Raoul, exerçaient tous deux le métier de maître-imprimeur à Toulouse (Haute-Garonne). Jean-Louis, le fils de Raoul, portait le nom de son grand-père (mort en 1937), fondateur d’une première imprimerie au 39 rue Peyrolières à Toulouse, imprimerie qui fut déménagée au 2 rue Romiguières. Cette première adresse fut reprise par Raoul qui y était également domicilié. Quant à Henri et Jean-Louis, tous deux résidaient également dans cette ville, au 55 avenue Jules Julien pour Henri, au 1 rue Théophile Silvestre (nouvellement rue Arthur Legoust) pour son neveu. Marié une première fois le 8 février 1919 avec Justine Gasseau, puis divorcé, Henri s’était remarié le 29 décembre 1924 avec Marie-Rose Manzac (dite Amélie, son troisième prénom). Le 23 décembre 1920, Raoul se mariait à son tour, à Decazeville, avec Marie Soulier avec laquelle il eut, l’année suivant la naissance de Jean-Louis, le 7 novembre, un second fils prénommé Robert. Quant à Jean-Louis, typographe chez son père en parallèle de ses études de pharmacie, il avait épousé Gabrielle Sajus le 4 juillet 1942.

Après avoir imprimé de nombreux tracts, journaux et affiches du mouvement libertaire et anarchiste syndicaliste entre les deux guerres, puis, en mai 1940, un manifeste en espagnol de l’Alliance Démocratique Espagnole (ADE) appelant à la neutralité de l’Espagne dans le conflit mondial, les deux frères, Jean-Louis, ainsi que leurs employés se mirent au service de la Résistance, tirant des journaux et des tracts diverses organisations, mais également des tickets d’alimentation et des faux papiers. C’est également à eux que l’on doit la première impression du livre de Pierre Besnard, Pour assurer la paix : comment organiser le monde.

Le 4 février 1944, la Gestapo effectua simultanément des perquisitions dans les imprimeries des frères Lion, 3 rue Baragnon, et 2 rue Romiguières. Les imprimeurs (dont Amélie), leurs employés (le comptable Louis Laffon, les typographes Jules et Antoine Fages, Frnaçois Duclos, Jean Nalbert, Jacques Flourac et Georges Séguy, le correcteur Marius Bernadoy et les margeuses Jeanne Fontes et Marguerite Méné notamment), des résistants venant chercher des publications clandestines, et même de simples clients qui venaient chercher une commande furent arrêtés par les Allemands. Le jour même, tous furent emmenés à la prison Saint-Michel à Toulouse. Pendant les jours qui suivirent, toutes les personnes qui se présentaient aux imprimeries étaient arrêtées et interrogées par les Allemands. À la fin du mois de février, tous prennent le chemin du Frontstammlager 122 de Compiègne Royallieu où la famille Lion se voit attribuer les numéros 28294 (Jean-Louis), 28296 (Henri) et 28297 (Raoul). Le 22 mars 1944, ils sont déportés dans le premier convoi massif de l’année 1944 à prendre le chemin de l’Autriche, avec plus de 1.200 hommes – parmi lesquels 23 avaient été arrêtés dans l’une des deux imprimeries. Après trois jours passés dans les wagons à bestiaux, ils arrivent le 25 à Mauthausen où ils reçoivent les matricules 60176 (Antonin), 60177 (Jean-Louis) et 60178 (Raoul).

Après une période de quarantaine, les trois hommes descendent l’escalier qui mène à la carrière du camp central. Descendu pour la première fois le 14 avril, dès le lendemain, Raoul est admis à l’infirmerie. Début mai, Jean-Louis, puis Henri, quittent le camp : le 7, Jean-Louis parcourt à pied les quelques kilomètres qui séparent Mauthausen de Gusen, en compagnie de 698 hommes dont une centaine de Français arrivés en Autriche au printemps, suivi deux jours plus tard par son oncle qui se trouve quant à lui dans un groupe de 200 hommes. Alors que Jean-Louis est affecté à un poste de manœuvre, Henri, après quelques jours ou quelques semaines de travail, est admis au Revier où il est victime de l’une des sélections pour Hartheim. Son frère subit le même sort au Sanitätslager de Mauthausen. L’anti-datation récurrente des morts lors des opérations de gazage à Hartheim ne nous permet pas de connaître les dates exactes de décès de Raoul et d’Henri Lion, antérieures au 12 et au 21 septembre 1944, dates officielles de leurs morts. En ce même mois de septembre, le 26, Jean-Louis sort du Revier de Gusen, et retourne travailler à la production d’armement dans le cadre du projet Esche II (Frêne 2). Probablement le 17 mai 1945, très fatigué, Jean-Louis trouve la force d’écrire une dernière fois à sa famille avant de s’éteindre. Son corps est retrouvé en 1955 lors des opérations d’exhumation sur l’ancien terrain de sport des SS situé en contre-bas du camp où les décédés à la libération et après avaient été enterrés.

En 1945, sur les 23 hommes arrêtés et déportés avec la famille Lion, seuls huit ont revu la France (Raoul Saint Martory, Jean-Marie Lavigne, François Carrère, Georges Séguy – futur secrétaire général de la Confédération Générale du Travail – Louis Suspène – décédé le 18 juin 1950 à Toulouse – Marcel Champeix, Noël Rodrigo et Serge Giorgetti). Antoine Fages, François Duclos, Louis Laffon et Jean-Marie Fournial, déporté sous sa fausse identité de Léopold Lachaud sont officiellement décédés à Hartheim le 23 août 1943. Le fils de Louis Laffon, Raymond, est mort à Gusen II le 3 février 1945, de même que Louis Plana huit jours plus tard. Sont également décédés à Gusen Lucien Artaud (au Block 8 le 12 février 1945), Jacques Kalmanovitsch (le 1er mars au Block 31) et Jules Fages, sélectionné au Block 24 avant d’être gazé au Block 31 le 22 avril 1945. Jean Nalbert et Maurice Fonvieille sont morts au Sanitätslager du camp central les 18 mai 1944 et 17 mars 1945. Philippe Castan est décédé le 30 juin 1944, au cours du transport qui le ramenait d’Eisenerz à Mauthausen. Jacques Flourac s’est éteint le 28 février 1945 alors que Marius Bernadoy décédait à l’hôpital d’évacuation 413 de Reichenau le 16 juin 1945. Enfin, Adolphe Coll, transféré à Flossenbürg le 27 octobre 1944, puis à Zschachwitz, est mort dans ce camp le 15 février 1945. Quant aux trois femmes parties de Romainville le 16 mars 1943 et arrivées à Mauthausen le 7 mars 1945 en provenance de Ravensbrück, toutes sont rentrées en France. Après le retour, Amélie, désormais veuve, épousa Charles Mardaga, ancien déporté de Mauthausen qui avait été rapatrié avec elle par le premier convoi de la Croix-Rouge internationale le 22 avril 1945. 

Henri, Raoul et Jean-Louis Lion ont obtenu la mention « Mort pour la France » et le titre de déporté résistant. Une rue de Toulouse a été rebaptisée rue des Frères Lion. 

Adeline Lee 

Sources :

SHD, dossier MED 21 P 479044 (Antonin), 21 P 479054 (Jean-Louis), 479070 (Raoul), LA 20744 (Extrait d’une liste de corps identifiés au cimetière dit « Américain » de Mauthausen à l’aide de la plaque matricule découverte sur chacun des corps) (Jean-Louis), MA 16/2, 27/2, 60/2, 57/2, 58/1 (1ère liste Vorage), 27/5, 55, 26 P 1132 registre original du camp de Mauthausen, Häftling-Personal-Karte (Jean-Louis). 

Bibliographie :

Séguy Georges, Résister. De Mauthausen à mai 68, Paris, L’Archipel, 2008, 231 p.

Choumoff Pierre Serge, Les assassinats par gaz à Mauthausen et Gusen, camps de concentration nazis en territoire autrichien, tiré à part de la revue du CDJC Le Monde juif n° 123-124 (1986), Paris, 1987, 63 p.

Choumoff Pierre Serge, Les assassinats nationaux-socialistes par gaz en territoire autrichien, 1940-1945, Wien/Paris, Mauthausen-Studien/Pierre Serge Choumoff, Band 1b, 2000, 158 p.

Winkler Jean-Marie, Gazage de concentrationnaires au château de Hartheim. L’action « 14f13 » 1941-1945 en Autriche rattachée. Nouvelles recherches sur la comptabilité de la mort, préface d’Yves Ternon, Paris, Tirésias, coll. « Ces oubliés de l’Histoire », 2010, 383 p. 

Sitographie : http://mathieuarnal.blogspot.fr/2014/10/les-freres-lion-les-imprimeurs-de-la.html (photographie) ; http://militants-anarchistes.info/spip.php?article3380 ; http://militants-anarchistes.info/spip.php?article3379

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