Revenir en arrière

Marcel Pitois 1925 - 1945 Traiter les données

Né(e) 1.10.1925 à Chamoy
Décédé(e) 6.1.1945 à Melk

Biographie

Marcel Lucien PITOIS est né le 1er octobre 1925 à Chamoy (Aube, France). Le 11 octobre 1943 au matin, il est arrêté par la GESTAPO à la ferme familiale : son père Marcel Gilbert a caché des armes et des munitions issues de parachutages par le groupe de résistants (FTPF) qu’il avait rejoint en mars 1943. Il y a eu dénonciation. Le père et le fils sont arrêtés : le père comme ennemi du Reich, le fils comme otage. Ils sont déportés sous le sigle « NN » (Nacht Und Nebel), le protocole le plus dur de la répression nazie.

Leur trajectoire est commune entre le 11 octobre 1943 et mars 1944 : d’abord la prison de Troyes (Aube), puis du 6 décembre 1943 au 6 janvier 1944 celle de Fresnes, à 15 km au sud de Paris. A cette date, on les envoie en wagon cellulaire, car ils sont prisonniers politiques, au camp de concentration de Natzweiler (Struthof), en Alsace annexée. Les nazis y exploitent la carrière d’un rare granit rose.

Marcel Lucien est affecté au stammblock (sous-groupe du camp) « Aussenkdo Quarz ». Les conditions sont impitoyables, il tombe gravement malade. Le 23 février 1944, il est victime d’une pneumonie traitée d’abord par Cibazol, bien adapté mais insuffisant face à la dégradation pulmonaire de Marcel. Dix jours plus tard, on lui donne des doses massives de Cardiozol, produit effectivement utilisé dans la moitié des hôpitaux du monde depuis 1938, mais seulement destiné au traitement de la schizophrénie par injection à haute dose provoquant un choc convulsif, et qui sera remplacé plus tard par l’électroconvulsothérapie (électrochocs).

Le 1er mai suivant, il quitte l’infirmerie, mais le 7, il déclare un syndrome coronarien sans doute en rapport avec son infection précédente – ou avec son traitement - et qui est traité jusqu’au 13 mai par Albucid (sulfonamide), qui semble de nouveau adapté à sa pathologie. Le 23 mai, on le renvoie dans son block. Le 26 mai, il déclare une méningite qui dure 19 jours, sa température est très basse (35,6°le 14 juin), mais il ne reçoit aucun traitement. Le 15 juin, il quitte l’infirmerie. Cinq mois après son arrivée au camp, il a perdu 13 kg.

Alors que son père a quitté le Struthof depuis mars 1944 pour être jugé à Breslau (Pologne, Wroclaw actuelle), Marcel reste à Natzweiler jusqu’au 6 septembre 1944, date à laquelle les SS évacuent le camp devant l’avancée des forces alliées. Les prisonniers sont déportés vers Dachau, au nord de Munich.

Le 14 septembre, Marcel est envoyé de Dachau vers Mauthausen (Autriche), puis le 21 septembre dans un de ses « kommandos » : Melk. L’industrie nazie a besoin de bras pour la construction urgente  d’une usine souterraine – de façon à ne pas être repérée du ciel – pour le compte de l’entreprise de roulements à bille Steyr-Daimler-Puch. Marcel, comme tous ses camarades, use ses forces à un travail harassant de terrassement, et le froid, la pluie, la fatigue et son moral très bas ont finalement raison de sa santé : une rechute de pneumonie prise en charge trop tard lui coûte la vie le 6 janvier 1945. Le témoignage direct d’un autre prisonnier rescapé de ce camp nous rapporte « qu’au moment d’entrer à l’infirmerie, Marcel était un squelette vivant, incapable de tenir debout ». Le même témoin nous dit que, comme tous les détenus décédés à l’infirmerie, il a été incinéré. Il avait 19 ans et trois mois, et aura survécu un mois, sans le savoir, à la mort de son père.

Ce dernier, de son côté, a quitté Breslau pendant l’automne 1944. La procédure « NN » ayant été abandonnée en fin d’été, il ne sera pas jugé. On l’envoie dans un camp satellite de Sachsenhausen, Groß Rosen (Pologne, Rogoznica actuelle). On y exploite une immense carrière de granit, source importante de souffrances et où l’on meurt d’épuisement, de sous-nutrition, de froid et de mauvais traitements. En 1943, on avait construit, pour suppléer au four crématoire datant de 1941, des fours à grand rendement. Ce camp étant devenu un camp d’extermination où périrent 40 000 personnes.

Marcel Gilbert y est mort le 4 décembre 1944.

Son fils Maurice, frère aîné de Marcel Lucien, avait échappé par miracle à l’arrestation de 1943. Après s’être caché pendant un an, il a repris la ferme avec sa mère, s’est marié et a eu deux enfants.

Ils signent conjointement ce témoignage, pour que cette histoire tragique ne tombe pas dans l’oubli.

Marcel Pitois et Roselyne Vincent

 

Envoyer les informations concernant la personne

Ajouter des informations supplémentaires concernant la personne